Anxiété - 4 : Choisir et sauter sur les bonnes occasions de stress.

Anxiété - 4 : Choisir et sauter sur les bonnes occasions de stress.

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Que fait-on après, une fois qu'on a appris à écouter et reconnaître notre anxiété ?  Une fois que nous sommes convaincus que ce que nous ressentons est de la peur, de l'angoisse, de l'inquiétude ou un autre cousin de Mme Anxiété, que peut-on faire ?  Une fois que nous nous sommes fait réveiller par l'alarme d'incendie et que nous avons détecté un feu, qu'est-ce qu'on fait ?  On fuit !

Le plus souvent c'est ce que nous faisons d'une façon plus ou moins automatique.  Parfois, on a tout de même quelques secondes ou minutes pour faire quelques vérifications : reste-t-il quelqu'un dans la maison ?  Certains, plus audacieux, resteront plus longtemps que d'autres, pour récupérer des objets précieux (question de satisfaire leur insécurité financière), pour éteindre le feu eux-mêmes (question de satisfaire leur besoin de valorisation), pour nettoyer le logement avant la visite des pompiers (question de satisfaire leurs soucis de perfection ou leurs besoins d'approbation)…

Je sais !  Le dernier exemple est tiré par les cheveux.  Mais je trouvais qu'il illustrait bien un principe important : même dans les pires moments (qui nous font vivre plusieurs stress en même temps), on choisit toujours de réagir au stress qui se classe au sommet de notre liste hiérarchique mentale.  Chacun semble avoir ses stress favoris et saute dessus de façon spontanée, en oubliant même, parfois, de considérer la situation présente.  Mon dernier exemple nous montre quelqu'un qui choisit de répondre aux pressions qu'il s'impose à lui-même avant de répondre à la pression qu'exerce sur sa vie un feu qui croit à une vitesse vertigineuse.

Apprendre à se fixer des priorités dans la vie est primordiale et peut s'appliquer partout, notamment dans le choix du stress qu'on veut vivre, qu'on s'impose à soi-même ou sur lequel on essaie d'agir, ou auquel nous tentons de répondre.

La source de l'incendie

Qu'est-ce qui brûle ?  Où ?  Comment ?  On a un certain délai pour se poser des questions, même dans un feu : il est seulement plus court.  Avec Mme anxiété, il peut varier beaucoup.  Face à une araignée, le temps de réaction est souvent très court : on la voit, on panique, on crie, on court, on l'écrase, on s'évanouit ou on appelle le (la) conjoint(e) à la rescousse.  D'un autre côté, des inquiétudes face à la fidélité de son amoureux peuvent entraîner plusieurs nuits d'insomnie avant qu'on admette le problème et qu'on se décide à y répondre.  Plus le délai est long, plus d'autres inquiétudes ont le temps de se greffer à la première... Voilà pourquoi, il est souvent difficile d'expliquer la cause de l'insomnie ; à la longue, les causes se sont multipliées !

Alors, ne cherchez pas à identifier "une" cause de votre état anxieux, reconnaissez plutôt qu'il y a plusieurs choses qui vous tracasse et choisissez celle qui vous semble prioritaire et sur laquelle vous décidez de travailler. Dans un incendie, il vaut mieux laisser tomber les pressions de notre orgueil, de notre portefeuille ou de notre perfectionnisme, pour répondre aux pressions de notre insécurité vitale : échapper à la mort et survivre !

Les occasions de stress

On parle généralement d'occasions de stress pour englober tous les types de situations ou d'expériences qui peuvent créer de l'anxiété.  Car on choisit de vivre du stress comme on saute sur une occasion.  Et il y a des gens plus opportunistes que d'autres, qui se ramassent avec beaucoup d'occasions de stress.  Ils sont généralement forts et se promènent dans la vie avec un énorme sac à dos bourré d'occasions de stress.  Jour après jour le sac s'alourdit et la pression exercer sur leur épaule est phénoménale, pas étonnant qu'il croule un jour sous cette pression, qu'il tombe dans la dépression, l'épuisement professionnel ou le "burnout".



Exemples souvent entendus en bureau privé, souvent par la même personne, souvent dans la même rencontre :

« J'ai peur des araignées ;  Je viens de m'acheter une première maison ;  Je me marie dans quelques mois ;  La semaine dernière, j'ai postulé pour un poste supérieur ;  J'essaie de compléter mon BAC en suivant des cours du soir ;  Mes parents sont en processus de divorce et me demandent des conseils ;  Je me questionne sur le fait d'avoir des enfants ou non alors que mon(ma) conjoint(e) est sûr(e) dans vouloir ;  Ma sécheuse vient de me lâcher et c'est un paquet de trouble d'essayer de la réparer mais c'est moins coûteux (il paraît !) ;  L'impôt conteste ma déclaration et je dois donc recommencer les déclarations de mes cinq dernières années ;  Je me sens ridicule de ne pas être capable de dire non aux gens que j'aime ;  Je ne me sens pas en forme, je crois que j'ai trop pris de poids ces derniers temps ;  Je n'arrive pas à garder la maison propre autant que j'aimerais qu'elle le soit ;  J'espère changer de voiture très bientôt... »

Regarder dans le sac à dos

Je suis toujours étonné de constater avec quelle sérénité ou calme, plusieurs de mes patients (le mot est approprié pour eux) vide leur sac devant moi dès la première rencontre, en me demandant dans la même phrase, comment se fait-il qu'ils ne soient plus capable de dormir.  Ils viennent consulter sous l'ordonnance du médecin qui ne sait plus comment régler leur problème physique comme l'insomnie, l'hypertension, l'urticaire... ils ne viennent surtout pas pour un problème psychologique : "Je ne suis pas fou (folle) !"

Malgré la lourdeur de leur sac, ces personnes continuent longtemps à vouloir le porter à bout de bras au risque de tomber vraiment malade et de devoir augmenter leur visite chez les médecins et les psys... Si vous vous sentez comme ça, il serait temps de vous arrêter pour souffler un peu pour dresser un inventaire de tout ce qui compose votre sac.

Faites le tour de toutes les sphères de votre vie (famille, travail, réseau social, couple, loisir, finance, objectif à long terme, etc.), vous y trouverez des occasions de stress que vous classerez par la suite dans une liste hiérarchique, de la plus importante à s'occuper à la moins importante à régler.  Il y en a que vous pouvez remettre à plus tard ; il vous suffit de vous donner un rendez-vous dans votre agenda du genre : "M'inquiéter quelques minutes pour..." D'ici ce temps-là vous pouvez vous occuper de quelques choses de plus important.

D'autres occasions de stress ne servent à rien. Vous êtes incapable de répondre à la question : Qu'est-ce que je peux faire ici et maintenant ? Dans ce cas-là vous devez "focusser" sur autre chose, développer des moyens de penser à autres choses, chassés ses idées inutile de votre tête...   Nous tenterons de vous montrer des moyens pour combattre ce genre d'obsession lors de prochaines chroniques.  Si vous êtes capable d'avoir une réponse affirmative à la dernière question, c'est que vous êtes déjà rendue à la prochaine étape, c'est-à-dire que vous pouvez choisir de répondre à une occasion de stress bien précise...

José St-Louis, M.Ps.

À suivre dans : Anxiété-5 : Choisir consciemment une réponse à l'anxiété.

Fait suite à : Anxiété - 3: Choisir un sens aux messages des sens.

 



Pour aller plus loin

Pour vous faciliter la tâche dans la conception de votre liste hiérarchique d'occasion de stress vous pouvez utiliser L'inventaire de ses occasions de stress, tiré du livre de Jacques Lafleur (psychologue) et Robert Béliveau (m.d.) : Les quatre clés de l'équilibre (Éditions Logiques, 1994).